Dieu en colère contre le “dernier Samedi” ?

Article : Dieu en colère contre le “dernier Samedi” ?
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26 août 2016

Dieu en colère contre le “dernier Samedi” ?

C’est connu, les Samedis sont synonymes de sorties en boites ou autres lieux de loisirs pour la plupart des jeunes du monde. Ceux de Conakry ne dérogent à cette règle. Chaque samedi, ce sont des milliers qui prennent d’assaut les boites, bars et autres maquis principalement situé sur la corniche Taouyah-Lambanyi. Mais parmi ces Samedis, certains sortent de l’ordinaire. C’est notamment celui qui précède l’arrivée du mois de Ramadan. D’où son nom de dernier Samedi (avant le Ramadan).

La “ fête” du dernier Samedi de plus en plus populaire

Au-delà de la privation de nourriture du levé au couché du soleil, le ramadan proscrit aussi les réjouissances festives. Il est donc hors de question de soirée bien arrosée. D’ailleurs la quasi-totalité des lieux de loisirs sont fermés durant le mois. Le « dernier samedi » apparait ainsi pour de nombreux jeunes comme la dernière soirée mondaine d’une longue série qui annonce d’autres plus austères. Il ne faut manquer de la célébrée sous aucun prétexte.

Je remarque que « dernier samedi » est de plus en plus célébré. Il a même tendance à devenir une fête à part entière. Un tour sur la corniche Taouyah-Kipé m’a permis de voir la réalité de près. J’ai été surpris par l’engouement et de la forte affluence inhabituelle dans les différents lieux de loisirs.

Dès la tombée de la nuit, les lieux de loisirs sur cet axe ont été pris d’assaut par de nombreux jeunes. Le bar « le pavé » que je fréquente parfois en relevant d’université illustre bien cette affluence du (dernier) samedi 13 juin. Cette nuit -là, j’y avais rendez-vous avec un ami de longue date qui habite maintenant en périphérie de Conakry. Malgré la rentrée exagérément fixée à 15.000 Francs Guinéens (d’habitude elle est gratuite), une foule énorme se bousculait à la porte pour rentrer.

J’ai eu tout le mal du monde pour me frayer un chemin et stationner ma moto. La pagaille qui régnait au portail a eu raison de mon courage. J’ai quitté les lieux sans voir mon ami. Et j’ai appris plus tard que quelques minutes après mon départ, la sécurité a commencé à refouler les nouveaux arrivants. Raison invoquée, la saturation du bar. Cela n’arrive que pendant les grandes fêtes.

Sur les routes, c’était des bouchons partout. Les policiers et autres militaires s’adonnaient à leur activité favorite : le racket. Mais malgré cela, la fête était bien partie pour être belle. Sans moi, surement.

Le vent et la pluie gâchent la fête

Il n’en sera rien. La pluie viendra tout gâter. Puis ça sera le tour d’un très violent vent de venir compliquer la tâche aux fêtards. J’ai eu du mal à regagner la maison tant le vent était violent et les dégâts qu’il a occasionnés immenses. Plusieurs panneaux publicitaires et gros arbres n’ont pas résisté. Ils se sont écroulés sur la chaussée.

Mais c’est seulement le matin après un tour dans mon quartier et sur les réseaux sociaux que j’ai pu mesurer l’étendue de dégâts. Le vent a emporté les toits de plusieurs maisons et des arbres sont tombés sur de certaines habitations. Les installations de certaines radios ont été endommagées. Et il a fallu utiliser les grands moyens (Caterpillar, camion et des dizaines de balayeurs) pour rétablir la circulation sur certaines rues.

« Dieu est en colère contre nous »

Des commentaires pour expliquer ce coup de colère de la nature n’ont pas tardé. Le plus courant évoquait la colère de Dieu contre les guinéens. “Mais pourquoi Dieu se fâcherait contre nous ?”, Demandais-je à un ami qui partageait ce discours. Parce que, me répondit-il, nous sommes presque tous devenu des mécréants. Nous célébrons le «dernier samedi » en commettant tous des grands pêchers. Dieu ne peut pas être content de nous avec ça. Il a donc décidé de nous punir par le vent.

Personnellement, je suis d’accord avec lui sur le fait qu’il y a de l’exagération dans la célébration actuelle du « dernier samedi ». Car beaucoup de jeunes font des choses (dont ils ne sont pas habitués) religieusement proscrites avec l’espoir que le ramadan effacera les pêchés qui en découlent. Mais selon moi, cela n’est pas suffisant pour provoquer la colère de Dieu car ce ne sont ni les fêtards, ni les lieux de loisirs qui ont été les premières victimes de ce vent mais de pauvres guinéens qui dormaient tranquillement.

Les guinéens sont-ils les plus grands pêcheurs dans ce monde où la religion est de plus en plus reléguée au second plans et où valeurs morales tendent à disparaître? Non, Non et Non. Alors pourquoi, ce sont eux qui seraient punis?

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